62^e Gstaad Menuhin Festival | 13 Juillet – 1^e September 2018

les alpes

Nous avons les années passées joué avec les éléments, teinté nos concerts d'humour, convié sur scène des familles de musiciens, et l'an dernier décliné la pompe dans tous ses états. Sans nous rendre compte qu'un thème nous tendait les bras, là, juste devant nos yeux: les Alpes! Ces chères montagnes sont au rendez-vous de notre édition 2018, source d'inspiration pour des générations de musiciens. Les Alpes exercent la même fascination aujourd'hui qu'elles exerçaient jadis sur nos ancêtres. Cette crainte face à la puissance de la nature et à la violence des éléments est intacte, elle fonde toujours et encore le rapport entre l'humanité fragile qui peuple ces vallées et les montagnes imposantes qui les dominent. Même à l'heure où la vie s'accélère – se digitalise, se globalise –, on sent perdurer cette domination de la nature sur les gens qui vivent au quotidien à son contact, comme «un roc au milieu du feu». Au 21^e siècle, ces vallées alpines demeurent en marge du mouvement de hausse continu de la population et de la densification des cités, avec des villages clairsemés et des espaces encore vierges de toute réception mobile. Ce qui ne veut pas dire qu'elles soient fermées à tout progrès. Les remontées mécaniques colonisent leurs pentes et leurs sommets, transportant des wagons de visiteurs en période de vacances, sans pour autant ôter ce caractère indomptable aux parois et aux pics dans l'esprit des non marcheurs. Dans l'isolement des montagnes, l'homme se retrouve face à lui-même, il se calme et se ressource sans rien forcer. Ce «cadeau du ciel» exerce une forte séduction sur les masses stressées des plaines et des villes, rendant le rapport à la montagne d'autant plus fort, presque magique. Le théâtre de la nature – avec ses orages d'été déchaînant les éclairs et le tonnerre, ses pluies intenses, ses levers et ses couchers de soleil, ses torrents et ses chutes d'eau – est plus intense en montagne. Les forces du ciel et de la terre peuvent rapidement se transformer en menace. Alors qu'en ville tout semble lissé, comme déconnecté des éléments, le rythme et les extrêmes des saisons façonnent en profondeur la vie quotidienne des montagnards. Le désir de ressentir cette nature plus forte est pour beaucoup dans la décision des gens «du bas» de séjourner dans les Alpes. Comment cette fascination pour les forces de la nature, cette séduction des monts et des vallées a-t-elle opéré sur les esprit romantiques au 19^e siècle? Mendelssohn nous en donne une idée lorsqu'il écrit à ses parents depuis Boltigen le 7 août 1831: «Dehors se déchaînent les éclairs, le tonnerre et la pluie; la montagne nous enseigne le respect du temps.» Le développement du tourisme a jeté de nombreux musiciens sur les routes. Différents cycles de ce programme explorent l'influence qu'ont pu jouer les Alpes et leur «mythologie» sur la création musicale classique. Au début du Festival, trois concerts baptisés «Seasons recomposed» invitent à suivre le fil des saisons au travers de chefs-d'œuvre bien connus de Vivaldi et de Haydn mais également de pages nouvelles et de «transformations» au sens le plus large du terme. C'est la première fois également, en soixante-deux ans d'existence, que la manifestation propose l'exécution de l'intégrale des œuvres écrites par Johannes Brahms sur les bords du Lac de Thoune. Des pages comme la Première symphonie de Brahms, la Symphonie alpestre de Richard Strauss, Manfred de Tchaïkovski (composé sur le drame alpestre de Lord Byron), le Sérénade «Posthorn» de Mozart, la Symphonie pour cor des Alpes de son père Leopold ou encore les deux «symphonies suisses» de Mendelssohn, complètent ce tableau thématique.
Un projet au long cours connaît un nouvel épisode en cet été 2018: le Duo Patricia Kopatchinskaja et Sol Gabetta présente en première mondiale deux œuvres de compositeurs majeurs de notre époque, Peter Eötvös et Rodion Chtchedrine. C'est pour nous une joie et un honneur de contribuer ainsi à l'enrichissement du répertoire pour violon et violoncelle. Le Gstaad Menuhin Festival & Academy ne se résume pas à ses concerts. Ses cinq académies et leurs nombreuses prestations, offrent la possibilité au public de prendre le pouls de la relève musicienne. Sous la bannière Play@, deux semaines d'orchestre permettent à des amateurs de pratiquer intensivement la musique en commun. Les enfants, les jeunes et les familles bénéficient depuis l'an dernier d'une offre dédiée baptisée «Discovery». Les amateurs de musique ont également l'opportunité de suivre notre orchestre «maison», le Gstaad Festival Orchestra, en concert à l'étranger, ainsi que de visionner de nombreux concerts en «live» ou en différé tout au long de l'année sur notre plateforme de streaming www.gstaaddigitalfestival.ch. Après, rien ne remplace l'expérience de goûter «en vrai» à nos plus de 60 concerts et leur éventail unique de genres et de talents, du violoniste en herbe à la star de la scène lyrique internationale… Nous vous souhaitons une cordiale bienvenue au 62^e Gstaad Menuhin Festival & Academy.

Vendredi 13 juillet 2018
19h30, Eglise de Saanen

Concert orchestral
Concert d'ouverture – Daniel Hope & ZKO
Seasons Recomposed I
Daniel Hope, violon & direction
Zürcher Kammerorchester – ZKO

Transformation

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